La timidité est-elle si injuste ? La timidité est-elle une fatalité ? Le timide est-il à plaindre ? La timidité n’est-elle pas une langue de bois ? Comment sortir de la timidité ? C’est justement ce que nous allons voir ensemble et décrypter la réalité de cette étrange forme d’anxiété sociale. Les surprises seront au rendez-vous. Croyez-moi. Installez-vous et commençons. Je rencontre Stéphane, un ancien timide. Il a bien voulu témoigner. Voila sa vie. Voila son histoire. Voilà Stéphane. Entrons dans le vif du sujet.
“A 20 ans, Stéphane ne dérange personne. Assez conciliant, il se plie au désir de tous. En famille, il est d’accord avec tout le monde. Stéphane parle peu et à petite voix. Dans la rue, c’est Ipod sur la tête et regard vers le sol. Stéphane ne regarde personne. Il a toujours l’impression d’être jugé, observé, épié. Un regard, un silence, un sourire, Stéphane est vite destabilisé. Stéphane en répondant à son prof rougit, bégaie et baisse les yeux. Pour Stéphane la vie est trop injuste. Pourquoi les autres le rejettent-ils lui si gentil, si doux, si peu bruyant ? Pourquoi les autres garçons si insensibles ont du succès avec les filles et pas lui ? Pourquoi est-il ainsi ? ”
Stéphane, sans le savoir encore, vient sûrement d’accomplir ce qui va le sauver. Pourquoi ? Parce que Stéphane vient de rompre avec la fatalité. Il se remet en cause décidant de prendre les devants et de comprendre les vrais raisons de son mal car il sait que la solution est en lui. Stéphane le sait, la connaissance c’est souvent la liberté. Il consulte un psychiatre et un Coach en développement personnel.
Pour le docteur Déchaut de l’hôpital psychiatrique de St Anne à Paris, la meilleure façon de sortir de la timidité, c’est déjà d’en prendre conscience et de ne plus accepter son sort, ce qu’à fait justement Stéphane. Sans cela rien n’est possible. Il faut un consentement de la personne. Selon lui, la timidité est “une anxiété sociale, une tendance prononcée à se tenir en retrait et à éviter de prendre l’initiative dans tout types de situations sociales”. La timidité est vécue comme un grand handicap mais il est important selon lui de lever le voile sur la réalité souvent cachée de la timidité. Le timide n’est pas si beau que cela et désacraliser la timidité n’est pas un luxe. Il s’explique.
« Le timide doit redescendre sur terre »
En réalité, le timide n’a qu’une obsession : être aimé de tous. Le timide en dépit de sa passivité, est en réalité doté d’un immense égocentrisme, le timide est à la base quelqu’un d’excessivement narcissique, il s’aime trop et tellement qu’il veut projeter une certaine image de lui, l’avis des autres est donc très important. Cela peut effectivement venir de sa famille, c’est quelqu’un qui a été “mal aimé”, donc il se dit que pour être “bien aimé” il faut correspondre à une certaine image. Ainsi le timide est obligé de jouer un rôle dans ses interactions avec autrui, et cela produit un phénomène de trac un peu comme au théâtre. Une des solutions : être moins narcissique, c’est à dire ne pas tenir compte de l’image qu’on va projeter mais se fier seulement à ce qu’on a envie de faire. A partir du moment où on ne cherche plus à se faire apprécier forcément, mais être soi-même, on cesse d’être timide. Plus on agit sans se préoccuper de ce que pense les autres (ses amis, parents, …), tout en se faisant violence parfois (surtout quand il y a réprobation), plus on combat la timidité. Pour en sortir, l’affirmation est capitale. S’affirmer est la clé de la timidité. Parler, c’est prendre un risque. Risque d’être désapprouvé, d’entrer en conflit, de montrer ses faiblesses. Pire d’être blessé. Mais parler, c’est aussi et surtout une chance : de dialoguer, d’approfondir la relation avec l’autre, de se montrer tel qu’on est…bref de s’assumer.
Du coté de Bruno Contell, la quarantaine, coach en développement personnel et en séduction. Ancien timide, il connait l’affaire. Il parle de la timidité sans langue de bois : ” le timide est un grand orgueilleux, par exemple, il rougit parce qu’il pense souvent que tout le monde le regarde, il se croit tellement différent des autres, tellement exceptionnel. C’est faux bien entendu. Tout le monde s’en moque et c’est cela que le timide doit apprendre : il n’est pas au centre du monde et doit redescendre sur terre. Une fois compris, le timide a les clés en main pour s’en sortir.
Alors quelle solutions pour sortir de la timidité ? Pour le coach Bruno Contell, il faut s’accepter, communiquer, risquer et s’affirmer. Lâcher son égo et oser sans se soucier du regard des autres. Devenir libre et soi-même.
L’affirmation de soi passe par de nombreuses disciplines. Le timide peut combiner des exercices mentaux d’affirmation et plus pratiques sur le terrain.
Pour le docteur Déchaut, les exercices mentaux sont simples et donnent de bons résultats. Par exemple, inspiré de la méthode Couet, l’auto-affirmation positive est excellente. Se répéter chaque jour 30 fois ” chaque jour, je vais de mieux en mieux. Chaque jour je prends de plus en plus en confiance en moi” offre une bonne hygiène mentale. S’affirmer par la positive.
La visualisation créatrice aussi peut être un excellent outil. Fermer les yeux, se concentrer et faire apparaitre des images dans lesquelles on se voit parler à des gens, on communique, on prend la parole en réunion. Il peut s’agir aussi d’oser parler et de favoriser le contact avec les autres. Par exemple, au travail, à la fac, serrer les mains, favoriser les contacts physiques et engager les conversations. Se retrouver à la machine à café pour discuter. A nouveau, s’exposer.
« s’exposer, oser et s’affirmer »
Quant au Coach, rien de mieux que le terrain. Stéphane est passé par là et se souvient il y a deux ans. Il nous raconte : “j’ai appris beaucoup avec Bruno mon coach. Par exemple, chaque jour, je devais aborder 6 inconnus dans la rue. 3 hommes et 3 femmes. La peur était forte surtout avec les femmes, je pensais déranger, mais j’y suis allé. Au début c’était dur, j’étais mort de trouille puis j’ai gagné en confiance et je me suis même surpris une fois à prendre un café avec l’une des ses personnes ! L’école de la rue a été une révélation pour moi et je suis sorti de ma « Zone de confort » pour reprendre l’expression technique. La zone de confort, tout le monde l’a connait. Cette zone dans laquelle on se sent en sécurité, trop peut-être et qui nous pousse à ne rien faire.
Toujours dans ce registre, j’ai beaucoup appris dans la façon de me tenir, Bruno m’a enseigné l’art du body langage. L’expression corporelle est importante et 80% de la communication entre humains passe par là. Je me tiens droit maintenant, les épaules droites, je ne baisse plus la tête, je regarde dans les yeux même dans la rue les passants, je souris, je parle avec les mains, j’ai vraiment tout changé et les gens ont un autre regard sur moi. Ils me respectent. J’ai aussi appris à dire NON. Avant j’étais toujours d’accord avec tout le monde. Maintenant je dis ce que je pense tout en respectant l’autre, mais j’affirme mes opinions. J’ai aussi amélioré ma façon de m’habiller. Je sors un peu de la norme. Je suis un peu plus extravagant et j’ose plus. C’était dans ma personnalité, dans ma source intérieure dira-t-il. Le regard des autres n’est pas important puisque je suis devenu plus moi. Les gens l’ont compris et l’acceptent car ils se rendent compte que j’assume ce que je suis. Je ne joue plus, je suis. Au contraire, c’est souvent les autres qui viennent me voir pour parler, qui l’aurait cru !
Depuis 2 mois, j’ai commencé les cours de théâtre pour m’extérioriser et parler clairement. Très utile dans mon travail. En fait je me rends compte que j’ai inversé la donne. Ma réserve ancienne, je l’a transforme sur scène en force et en boule d’énergie.
J’ai aussi ouvert mon esprit à la réalité des rapports hommes/femmes et de la séduction en générale. En lisant beaucoup, j’ai brisé les idées reçues sur le sujet. Je suis tombé de haut sur ce qu’attendait une femme chez un homme par exemple. Je croyais qu’elle attendait un prince charmant, beau, gentil et romantique comme les contes nous l’enseignent. J’avais tout faux. J’ai appris une réalité : entre ce que dit une femme et ce qu’elle pense : il y a deux mondes. Grâce à cela, j’ai une histoire formidable avec ma copine depuis 2 ans et on s’aime. Elle me respecte et je l’a respecte. On l’a compris, stéphane revient de loin.
Laissons Stéphane partir. Il l’a bien mérité. Enseignement de l’histoire alors ? Voyons-nous toujours Stéphane comme nous le pensions au début ? Un être si faible, si victime, si innocent ? Et bien non. Stéphane en est tout le contraire. En ayant compris les raisons de sa timidité, qu’il n’était pas ni si différent ni la star qu’il pensait être inconsciemment, ni épié, ni observé, en ayant compris que la faute venait de lui et pas des autres, en ayant dit un jour STOP à sa vie de m***e ! Stéphane a tout changé. Lui et sa vie. Stéphane a pris confiance et inspire confiance. Il s’est accompli en faisant ressortir le meilleur de lui à ses yeux et aux yeux des autres. Comment ? On osant. En risquant. En s’affirmant. Bref, Stéphane peut vivre maintenant comme tout le monde. Stéphane existe. Souhaitons lui donc bonne chance pour sa vie et pour l’avenir : il a aujourd’hui toutes les cartes entre les mains.
Les quelques gestes simples contre la timidité :
– Aimer-vous. Assumer votre confiance.
Accepter vous. Accepter votre passé. Vous n’y pouvez plus rien.
– Cesser de fuire, cesser de rêver et agissez malgré la difficulté
– Chaque jour, apprenez quelque chose de nouveau dans votre vie
– Favoriser l’affirmation positive (autoaffirmation)
– Ne pas remettre à demain ce que l’on peut faire aujourd’hui
– Parler à des inconnus dans la rue. Chaque jour. Hommes comme femmes en utilisant au début des ouvertures pré-calibrées.
– Prendre la parole en public
– Savoir dire NON
– Libérer vos émotions (amour, colère, désir..ne vous retenez pas)
– Défendre ses opinions et ne pas craindre les avis contraires
– Favoriser les sports d’équipes et de cohésion
– Pratiquer des sports d’affirmation (karaté, judo, boxe…)
– Stimuler l’expression artistique (peinture, musique, danse, photographie..)
– Apprendre à séduire le sexe opposé.
– Participer à des compétitions. Se mesurer aux autres. Ne pas craindre le rival.
– S’accepter et se faire respecter.
– Consulter un psy et favoriser la communication avec une personne neutre (personne ne vous juge, c’est son rôle, c’est son métier)
– Améliorer sa condition vestimentaire. Se mettre en valeur. Tenter le peacoking et s’exposer devant tout le monde.
– Travailler son langage corporelle. Un bon body language est un homme confiant (épaules droites, regarder dans les yeux, marcher droit, sourire…)
– Favoriser les rapprochements physiques et kinestésiques. Serrer la mains aux gens, toucher les bras, les épaules.
Rémy P