Au Japon, un grand débat commence à émerger autour de la question de l’adultère. Des avocats s’interrogent désormais ouvertement : faut-il punir les hommes qui trompent leur femme et inversement ?

Les médias japonais multiplient les articles sur l’idée de punir les faux célibataires qui sévissent sur les applis. Le Mainichi, l’un des plus grands quotidiens du pays, y consacre de nombreuses pages. Il a recueilli plusieurs témoignages de jeunes femmes en grande souffrance après avoir découvert que leur partenaire était en réalité un homme marié ayant menti sur son statut familial. Ces affaires se multiplient avec l’explosion des applications de rencontre. Une étude du gouvernement a révélé qu’un quart de tous les mariages au Japon débute désormais par une rencontre sur ce type de plateforme. Un chiffre en forte hausse depuis la pandémie de Covid-19, qui a modifié les habitudes sociales.

Le pays compte aujourd’hui des dizaines d’applications de rencontre. Aux côtés des grands classiques utilisés à l’international, on trouve des services spécifiquement japonais. Certains sont même lancés par des collectivités locales dans l’espoir de relancer les mariages et stimuler la natalité. Ces services officiels sont strictement encadrés. Pour s’y inscrire, il faut impérativement obtenir un certificat de célibat auprès de la mairie. Ce n’est pas le cas des applications privées, qui ne demandent aucune preuve. Il est donc possible de s’y inscrire sans révéler son véritable statut marital.

Vers une sanction pénale des mensonges ?

Face à ces pratiques, certains avocats japonais réclament une évolution législative. C’est notamment le cas de Keiji Kanegae, avocat spécialisé en droit de la famille. Il estime qu’il faudrait modifier la loi afin que les personnes mentant sur leur statut marital puissent être poursuivies pénalement. Selon lui, cela pourrait être assimilé à une « forme d’agression sexuelle indirecte », le consentement ayant été biaisé dès le départ.

Pour l’instant, le débat n’a pas encore été repris au niveau politique. Mais plusieurs femmes ont déjà tenté d’obtenir justice en poursuivant des hommes mariés qui les avaient trompées sur leur statut. Dans la plupart des cas, les tribunaux ont encouragé les deux parties à trouver un accord à l’amiable pour compenser le préjudice moral. Dans de rares affaires, les juges ont accordé des dommages et intérêts, à hauteur de quelques milliers d’euros. Le combat se poursuit néanmoins. Au Japon, une association a même été créée pour défendre les victimes d’« escroquerie sentimentale », perpétrée par des faux célibataires.