Convaincus de vivre dans une société où leurs prérogatives seraient en voie d’être confisquées par les femmes, des hommes revendiquent une place qu’ils auraient perdue. Symptomatique de ce mouvement, les « boy’s club » ou la « Communauté de la séduction » et autres entre soi masculin entend réhabiliter une hypothétique masculinité perdue en façonnant des séducteurs d’exception que promeut un business juteux de la drague : des coaches dispensent ainsi à des hommes en quête d’accomplissement des techniques de développement personnel réputées pouvoir transformer, selon la hiérarchie d’excellence du groupe, n’importe quel « loser » en « alpha mâle alpha ». Actifs, sûrs d’eux-mêmes, les alphas mâles se reconnaissent entre eux par leur palmarès auprès des femmes, qu’ils choisissent comme des trophées à collectionne L’entre soi masculin perdure dans tous les milieux : pendant les afterworks entre collègues, autour du barbecue, à l’entraînement sportif, dans les communautés de gamers…
Comme si l’appartenance au groupe devait être affirmée, réitérée, exhibée même, pour que l’identité masculine demeure. Emergence d’un courant « masculiniste » de résistance en Amérique du Nord, en Europe aujourd’hui. Nébuleuse de coaches, de psys et d’auteurs de toutes catégories, les masculinistes s’efforcent de réhabiliter la séduction, avec l’idée qu’apprendre à séduire les femmes permettra de renforcer une identité masculine en perdition. Qui sont-ils et quelle est cette « cause des hommes » qu’ils prétendent défendre ? Comment le masculinisme se définit-il par rapport au « féminisme », aux lois contre le harcèlement sexuel, à l’impératif du consentement, au mouvement #Metoo ? Comment comprendre la crise de la masculinité et quelles réponses apporter à cette crise identitaire ? Quand s’approprier le statut de l’opprimé permet paradoxalement d’asseoir sa propre domination. Les filles, méfiez-vous de qui vous offrira le prochain verre !