Si la parole des femmes se libère et que les troubles psychiques sont moins marginalisés, les hommes hétérosexuels semblent avoir du mal à suivre le rythme. Pourtant, en 2022, les femmes exigent une chose de leur partenaire : qu’il voit un psy.

Boys don’t cry”, chantait le groupe The Cure en 1980. Mais, en 2022, on veut surtout des hommes qui aient la capacité émotionnelle de verser quelques larmes et d’être ouverts sur leurs sentiments. C’est en tout cas ce que révèle une étude menée par l’application de rencontre Hinge. D’après elle, 61 % des célibataires interrogé·es considèrent la vulnérabilité comme l’un des critères les plus importants dans la recherche de l’âme sœur. Une qualité même plus recherchée que la beauté, un bon salaire ou encore la taille de leur futur partenaire.

Masculinité fragile

Depuis (trop) longtemps, l’image d’un idéal masculin a été associée à un être fort, courageux, taciturne, mystérieux… Un être prêt à tout pour l’être aimé, sauf à lui dévoiler ce qu’il ressent. Et surtout pas à pleurer ou aller consulter un•e professionnel•le de la santé mentale. Comme le rapporte Slate, les troubles psychiques tels que “la dépression ou l’anxiété ont été majoritairement attribuées aux femmes”. En cause : les changements hormonaux importants tels que la puberté, le post-partum ou encore la ménopause, qui affecteraient particulièrement la santé mentale des femmes. Ces dernières auraient alors une “prédisposition à la névrose obsessionnelle” – pour reprendre la théorie freudienne expliquée ici par Psychologies.

Pourtant, les troubles psychiques concernent tout le monde, peu importe la façon dont on se genre. Mais si la théorie freudienne permet de renforcer les idées reçues sur la masculinité, les troubles psychiques concernent particulièrement les hommes puisque le suicide est la deuxième cause de mortalité chez ces derniers (entre 15 et 29 ans), comme le rapporte une étude canadienne. Paradoxalement, 70 % des personnes qui consultent un spécialiste de la santé mentale sont des femmes, pointe une étude de l’institut français d’EMDR.

En 2022, boys do cry

Mais si nos pères et grands-pères préféraient taper dans un mur plutôt que de parler de leurs sentiments, en 2022, pour pecho, il faut apprendre à s’ouvrir, à se confier et à se montrer vulnérable émotionnellement. Pour reprendre l’étude Hinge mentionnée précédemment, 63 % des interrogé•es apprécient particulièrement que leur partenaire potentiel·le se confie sur ses peurs et ses espoirs lors du premier rendez-vous. Pour 8 personnes sur 10, c’est même un “green flag” lorsque leur date dévoile les choses qui lui tiennent à cœur.

Et comme le rapporte Bustle, les hommes qui voient un psy auraient plus de facilité à se livrer, à se confier sur leurs sentiments et à se montrer vulnérables. Et donc, seraient plus sexy.

Pourtant, si de nombreuses célébrités ont parlé ouvertement de leur santé mentaleHarry Styles, Paul Mescal, Michael B. Jordan ou encore le Prince Harry – et la façon dont la thérapie avait changé leur vie pour le meilleur, il semblerait que tout ne soit pas encore gagné. Selon l’étude rapportée par Hinge, 75 % des hommes interrogés avouent se montrer très rarement vulnérables lors d’un premier rendez-vous, par peur que cela soit un “turn-off” pour leur potentiel·le partenaire.

Le Prince Charmant devra voir un psy

Beau, riche, intelligent, drôle, prêt à s’engager… Peu importe ce que l’on recherche chez un partenaire, ne pas avoir suivi de thérapie ou même rigoler du sujet de la santé mentale est désormais perçu comme un “deal breaker” selon le New York Times. On se fiche du château : en 2022, Cendrillon cherche un prince qui ait le numéro de son psy sous la main. Car si 70 % des femmes prennent au sérieux le sujet de la santé mentale et consultent un professionnel, pourquoi les femmes hétérosexuelles devraient-elles envisager une relation avec un homme qui considère cela comme une blague ou une névrose féminine ?

Pour Elise Fox, une mannequin de 32 ans interrogée par le New York Times, il s’agit là d’un “green flag” lorsqu’elle est sur des applications de rencontre telles que Hinge ou Raya et qu’un homme explique qu’il suit une thérapie : “Même si je ne suis pas directement attirée par la personne, ça tend à me donner envie de matcher avec lui”. Mais encore faut-il être certaine que l’homme derrière l’écran suive une thérapie. Car, si les femmes sont plus enclines à rencontrer des hommes qui prennent soin de leur santé mentale, certains l’ont bien compris et n’hésitent pas à jouer la carte du woke-fishing quand ils sont tout l’inverse…

Pourquoi les femmes cherchent-elles un partenaire qui a suivi une thérapie ?

Si les femmes hétérosexuelles privilégient désormais les partenaires potentiels qui ont suivi une thérapie ou voient régulièrement un psy, la raison est pourtant simple. Comme l’explique la psychologue Megan Fleming à Bustle, c’est tout simplement car ces hommes comprennent mieux “l’importance des émotions”. Il est alors plus facile pour les deux personnes de se confier et de se montrer vulnérable, mais également de voir le point de vue opposé, ce qui aide en cas de dispute de couple.

Un article récent de Psychology Today avait alerté sur la solitude des hommes seuls, maintenant que les femmes hétérosexuelles ont “revu leurs exigences à la hausse”. Selon cet article, 62 % des utilisateurs inscrits sur les applications de rencontre sont des hommes, ce qui augmente la compétition et réduit leurs chances de rencontrer quelqu’un. Et selon le psychologue Dr Greg Matos, “les femmes entre 25 et 45 ans préfèrent des hommes qui sont disponibles émotionnellement, qui savent communiquer et partager leurs valeurs”. Pour combler ses lacunes en communication, il n’y a pas de secret : le Dr Matos recommandait aux hommes célibataires de suivre une thérapie. Pour lui, “nous avons l’opportunité de révolutionner les relations amoureuses et d’établir de nouveaux standards, applicables dès le premier rendez-vous. […] Les hommes ont leur part de responsabilité dans cette révolution amoureuse, mais pour ça, il faut qu’ils soient prêts à y aller à fond. Qu’ils soient prêts à s’engager auprès d’eux-mêmes, de leur santé mentale et de l’amour qu’ils veulent voir dans le monde.”